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INTRODUCTION.

les rayons de la gloire dont la postérité s’est plu à couronner cette grande figure du Moyen âge. Qui, hors un petit nombre, connaît Dante autrement que par l’œuvre éclatante qu’a consacrée le suffrage des siècles ? Cependant le génie du poëte n’est pas tout ce qu’offre à l’admiration cet homme doué de tant de dons divers. Lorsqu’on l’étudie avec soin, une des choses en effet qui frappent le plus, c’est l’étendue de ce vaste esprit, c’est qu’il n’est pas une voie de la pensée où la sienne n’ait laissé des traces, qu’il ait touché toutes les hautes questions qui préoccupaient de son temps et préoccupent encore aujourd’hui la raison humaine. On l’a vu pour la science du monde et de la nature ; on va le voir pour la science de la société.

Mais, avant d’exposer et de discuter sa théorie, faisons remarquer un caractère général de ses conceptions, comme aussi de celles de l’école, au sein de laquelle s’était opérée sa propre évolution : nous voulons parler d’une certaine correspondance symétrique entre les idées de différents ordres, dont la raison se trouve en partie dans la tendance à l’unité en partie dans la méthode alors reçue, méthode purement logique, suivant laquelle, de principes abstraits posés d’abord on déduisait des séries de conséquences également abstraites, procédant l’une de l’autre selon les invariables lois de la forme syllogistique. Mais cet