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LE PURGATOIRE.

41 « O Ugolin de Fantoli, en sûreté est ton nom, parce que ne s’attend plus de toi, qui puisse en forlignant l’obscurcir.

42 « Mais va, Toscan, car trop plus maintenant me délecte le pleurer que le parler, tant notre pays m’a serré le cœur. »

43. Nous savions que ces chères âmes nous entendaient aller ; et ainsi, en se taisant, elles nous donnaient confiance dans le chemin [36].

44. Lorsqu’ayant avancé nous fûmes seuls, semblable au foudre quand il fend l’air, de devant nous vint une voix :

45. « Me tuera quiconque me rencontrera [37]. » Et elle s’enfuit, comme s’éloigne le tonnerre qui subitement déchire la nuée.

46. Lorsque d’elle notre ouie eut trêve, tout à coup une autre, avec un tel fracas qu’elle ressemblait au tonnerre qui suit un autre tonnerre :

47. « Je suis Aglaure [38], qui devins rocher. » Et alors, pour me serrer contre le Poète, en arrière je portai le pied, et non en avant.

48. Déjà partout l’air était tranquille ; et lui me dit : — Cette voix est le dur frein [39], qui devrait retenir l’homme dans ses bornes.