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LE PURGATOIRE.

5. Une douce teinte de saphir oriental qui, jusqu’au premier cercle [3], nuançait l’aspect serein de l’air pur,

6. Rendit à mes yeux le plaisir, dès que je fus hors de la morte atmosphère, qui m’avait contristé la vue et le cœur.

7. La belle planète [4] qui invite à aimer, voilait les Poissons qui la suivaient [5], et, par elle animé, tout l’Orient souriait.

8. Je tournai à main droite, et je pensai à l’autre pôle, et je vis quatre étoiles [6] que nul ne vit jamais, hors la race première.

9. Le ciel semblait se réjouir de leur flamme. O Septentrion vraiment veuf, privé que tu es de les contempler !

10. Lorsque j’eus cessé de les regarder, me tournant un peu vers l’autre pôle [7], où déjà le chariot avait disparu,

11. Je vis près de moi un vieillard seul [8], digne, à le voir, de tant de révérence, que plus à son père n’en doit aucun fils.

12. Il avait une longue barbe, mêlée de poils blancs, comme les cheveux, desquels sur la poitrine tombait une double tresse.

13. Les rayons des quatre saintes étoiles ornaient tellement sa face de lumière, que je la voyais comme si le soleil eut été devant.