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CHANT VINGT-CINQUIÈME.

31. « Et comme l’air chargé de pluie, par les rayons qui s’y réfractent se teint de couleurs diverses,

32. « Ainsi l’air voisin prend la forme qu’y imprime virtuellement l’âme qu’il enveloppe ;

33. « Et, semblable à la flamme qui suit le feu, partout où va l’esprit, le suit sa forme nouvelle.

34. « De là est appelée ombre l’apparence qu’il revêt ; puis de cette sorte il organise chaque sens jusqu’à la vue :

35. « De cette sorte nous parlons, et de cette sorte nous rions ; de cette sorte se produisent en nous les larmes et les soupirs que tu peux avoir entendus sur le mont.

36. « Selon que nous affligent les désirs, ou les autres affections, l’âme se figure [15] ; et ceci est la cause de ce qui t’étonne. »

37. Déjà nous étions arrivés là où le mont s’infléchit une dernière fois [16], et nous avions tourné à main droite, et un autre souci nous préoccupait.

38. Là le bord [17] lance des flammes, et de la corniche s’élève un vent qui les repousse, et les éloigne d’elle.

39. Par quoi, il nous fallait aller le long du côté ouvert, un à un ; et d’ici je craignais le feu, de là je craignais de tomber.