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CHANT TROISIÈME.

33. Ne vous étonnez point ; mais croyez que, non sans une vertu émanée du ciel, il cherche à franchir cette muraille.

34. Ainsi dit le Maître. Et cette gent digne : « Revenez donc sur vos pas, et avec nous allez en avant, » dit-elle, en faisant signe avec le dos de la main.

35. Et l’un d’eux commença : « Qui que tu sois, ainsi marchant, tourne le visage et rappelle toi si, dans l’autre monde, jamais tu m’as vu. »

36. Je me tournai vers lui, et le regardai fixement : il était blond, et beau, et de noble aspect ; mais un coup avait divisé l’un des sourcils.

37. Lorsque humblement j’eus affirmé ne l’avoir jamais vu, il dit : « Maintenant, vois. » Et il me montra une blessure au haut de la poitrine.

38. Puis souriant, il dit : « Je suis Manfred, neveu de Constance l’impératrice : par quoi je te prie, quand tu retourneras,

39. « Vas à ma fille si belle [8], mère de l’honneur de la Sicile et de l’Aragon, et dis-lui le vrai, si autre chose on dit.

40. « Après que mon corps eut été percé de deux coups mortels, pleurant je m’en allai vers celui qui volontiers pardonne.