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INTRODUCTION.

surnaturels. Seulement, comme dans les croyances du paganisme, la destinée de l’homme s’accomplissait dans le temps, et que l’idée d’une autre vie était enveloppée d’épais nuages, l’action principale se passait sur la terre, et la Divinité intervenait dans les affaires de ce monde, soit par une coopération immédiate, et alors les dieux descendaient parmi les hommes, comme dans l’Iliade, soit par des conseils et par des enseignements, et alors l’homme descendait aux enfers, comme dans l’Odyssée. C’est sur cette partie spirituelle et surhumaine, indispensable au poëme épique, que les rhéteurs ont bâti leur absurde théorie du merveilleux, à laquelle nous devons une si grande quantité de productions bâtardes, dont les auteurs ont cru sans doute se conformer aux préceptes d’Aristote.

Dante a compris le premier, et le dernier peut-être parmi les poètes des temps modernes, que l’art devait être conséquent à la religion. Par un magnifique élan de génie, il a déplacé l’action du poëme, et l’a transportée tout à coup dans l’autre vie. Les passions, les luttes, les joies, les douleurs, les espérances, les intérêts de ce monde, viennent se rattacher au sujet principal épisodiquement et comme par reflet ; car, dans le dogme et dans l’art d’un chrétien, qu’est-ce que la terre et quelques années de travail ici-bas, au prix d’un bonheur immense et d’une vie éternelle ? Ainsi se déroula dans la pensée du poëte ce plan si simple et si vaste à la fois, auquel il n’a tracé d’autres limites que l’infini. Entre la création du premier homme et les ténèbres du jugement il y a l’humanité ; entre la Genèse et l’Apocalypse il y avait un livre à faire ; ce livre, c’est la Divine Comédie.

Le poëme dantesque est un et triple à l’image de Dieu. Il se divise eu trois parties :

L’Enfer, le Purgatoire, le Paradis :

Le châtiment, l’expiation, la récompense.

À ces trois parties correspondent trois principaux personnages ; car il faut remarquer que le nombre trois et neuf se reproduisent dans leur signification mystique à chaque page du poëme. L’Enfer a neuf cercles, le Purgatoire a neuf degrés, le Paradis a neuf sphères. Les trois personnages sont