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LA DIVINE COMÉDIE.

— Ô gloire des Latins, dit-il, pour qui notre langue a montré ce qu’elle pouvait, honneur éternel du pays d’où je fus, quel mérite ou qu’elle grâce te montre à moi ? Si je suis digne d’entendre tes paroles, dis-moi, viens-tu de l’Enter, et de quel cercle ?

— C’est par tous les cercles du royaume douloureux, lui répondit Virgile, que je suis venu ici ; une vertu du ciel me conduit, et je viens avec elle. Ce n’est point pour avoir l’ait, mais pour n’avoir pas fait, que j’ai perdu la vue de ce Soleil élevé que tu désires, et qui fut connu par moi trop tard. Un lieu est là-bas, attristé, non par des tourments, mais par des ténèbres où les lamentations ne retentissent pas comme des cris, mais comme des soupirs. C’est là que je suis avec les petits innocents mordus par les dents de la Mort avant d’avoir été purifiés de la faute humaine ; c’est là que je suis avec ceux qui ne revêtirent pas les trois vertus saintes, et qui, exempts des vices, connurent les autres et les suivirent toutes. Mais si tu le sais et le peux, donne-nous quelque indice, afin que nous puissions arriver plus tôt là où le Purgatoire a son entrée directe.

Il répondit : — Un lieu fixe ne nous est pas désigné ; il m’est permis d’aller en haut et tout autour ; autant que je puis m’avancer, je m’offre à toi pour guide. Mais vois déjà que le jour décline, et on ne peut pas monter pendant la nuit, aussi est-il prudent de songer à une bonne halte. Des âmes sont ici, à droite, écartées ; si tu le permets, je te conduirai vers elles, et tu ne les cohnaîlras pas sans plaisir.