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Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/268

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Les soixante-six vers de cette canzone n’ont en tout que cinq mois pour se terminer, cinq mots qui s’entremêlent et reviennent sans cesse, mais avec une combinaison bien plus compliquée que dans la sestine que nous avons vue tout à l’beure, et qu’il deviendrait oiseux de vous mettre sous les yeux. — Les cinq mots qui reviennent sans cesse sont : donna, tempo, luce, freddo, pietra.

La traduction ligne pour vers était encore indispensable pour faire sentir celle bizarrerie ; mais cette fois le sens et la clarté de la pièce y auraient perdu… et nous croyons que la fidélité à la pensée de l’auteur ne devait point être sacrifiée à une simple question de mécanisme et d’arrangement extérieur, pour lequel doit suffire ce que nous en indiquons dans cette note.

Ce moule imposé a, d’ailleurs, gêné un peu le poëte ; on sent par-ci par-là que le vers ne s’est point épanoui à son aise, contraint d’arriver avec une rime si fréquemment répétée. — Dante a encore été séduit la par la difficulté, comme on le voit dans les trois vers qui terminent * la canzone :

« Sicch’io ardisco a far per questo Iralilo

La novità, che per tua forma luce,

Che mai non fu pensata in alcun tempo. »

Bien d’autres depuis lui, et comme lui de puissants penseurs, ont été séduits et quelquefois gênés par la silhouette du moule, par le piquant de la forme.

FIN DES NOTES DU LIVRE TROISIÈME.