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BALLADE III.

Pratche vision. (Composée à Lucqucs, ponr la pargoletta.)

« Je suis une jeune fille (Pargoletta) belle et inconnue, et je suis venue, pour me montrer à vous, des beautés et du lieu d’où je suis.

« Je suis du ciel, et j’y retournerai encore, pour donner aux élus la jouissance de mon éclat. Qui me voit, et ne s’éprend pas de moi, n’aura jamais l’intelligence d’Amour ; car la nature eut la joie de n’éprouver aucun refus, quand elle me demanda à celui qui voulut, 6 dames, me faire votre compagne.

« Chaque étoile fait pleuvoir dans mes yeux sa lumière et sa splendeur ; mes beautés sont nouvelles dans le monde, — c’est pourquoi je suis venue d’en haut, — et elles ne peuvent être connues, sinon par le discernement d’un homme, en qui Amour s’introduise pour l’agrément des autres. »

Ces paroles se lisent sur le visage d’une jeune fille-ange, apparue ici naguère. De sorte que moi, qui, pour me sauver, la contemplai fixement, je suis en péril de perdre la vie, ayant reçu un tel coup d’un être que j’ai vu dans ses yeux, que je vais pleurant et ne me calme plus.