Page:Dante Alighieri - La Vie nouvelle, traduction Durand Fardel.djvu/118

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m’a été dit plus tard, ils étaient là depuis quelque temps avant que je ne les eusse aperçus. Quand je les vis, je me levai et je leur dis en les saluant[1] : « Il y avait là quelqu’un avec moi, et c’est pour cela que j’étais tout à ma pensée. » Et, quand ils furent partis, je me remis à mon œuvre, c’est-à-dire à dessiner des figures d’anges. Et, tout en le faisant, il me vint à l’idée d’écrire quelques vers comme pour son anniversaire, et de les adresser à ceux qui étaient venus là près de moi.

Premier commencement.

À mon esprit était venue[2]
La gracieuse femme qui, à cause de son mérite,
Fut placée par le Seigneur
Dans le ciel de la paix où est Marie.

Second commencement.

À mon esprit était venue[3]
La gracieuse femme que l’amour pleure,
Au moment même où sa vertu secrète
Vous engagea à regarder ce que je faisais.
L’Amour qui la sentait dans mon esprit

  1. Il faut toujours remarquer l’exquise politesse de ses manières.
  2. Era venuta nella mente mia
  3. Il paraît s’être repris à deux fois pour écrire cette canzone, car le même vers est répété à chacun des commencemens.