Page:Dante Alighieri - La Vie nouvelle, traduction Durand Fardel.djvu/125

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après avoir bien souvent combattu en moi-même, j’ai voulu en dire quelques mots. Et comme c’était les pensées qui me parlaient pour elle qui l’emportaient, c’est à elle que j’ai cru devoir adresser ce sonnet.

Une pensée charmante s’en vient souvent[1],
En me parlant de vous, demeurer en moi.
Elle me parle avec tant de douceur
Qu’elle y entraîne mon cœur.
Mon âme dit alors à mon cœur : qui donc
Vient consoler ainsi notre esprit,
Et dont le pouvoir est si grand
Qu’il ne laisse plus en nous d’autre pensée ?
Et mon cœur répond : Ô âme pensive,
C’est un nouveau souffle d’amour
Qui m’apporte ses désirs ;
Et il a tiré sa vie et son pouvoir
Des yeux de cette compatissante
Que nos souffrances avaient tellement émue[2].

  1. Gentil pensiero che mi parla di vui
  2. Commentaire du ch. XXXIX.