Page:Dante Alighieri - La Vie nouvelle, traduction Durand Fardel.djvu/151

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guère une passion exaltée, le sentiment que son union avec Béatrice se heurterait à des obstacles infranchissables ? On a encore supposé que Béatrice était déjà promise, ou même mariée à Simone dei Bardi. Mais il serait inutile de s’arrêter à des circonstances qui ne peuvent être encore que de simples suppositions.

Il importe de remarquer que dans le sonnet, c’est-à-dire dans ce que nous devons considérer comme la rédaction primitive, « le retour vers le ciel » ne gisse verso il cielo, n’existe pas. On ne le trouve que dans la prose ajoutée longtemps après, et alors que Béatrice était montée nel gran secolo.

Un véritable pressentiment de la mort de Béatrice, dont on a cru rencontrer des traces dans bien des passages de la Vita nuova, ne pouvait exister dès cette époque naissante de sa vie amoureuse et dès cette première expression formulée et publiée d’une passion encore secrète.

Ne serait-ce pas simplement l’expression d’une profonde mélancolie propre au caractère même du poète et à la nervosité qui le domina dès son enfance, et propre aussi à cette époque où les esprits et les consciences étaient