Aller au contenu

Page:Dante Alighieri - La Vie nouvelle, traduction Durand Fardel.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

yeux des autres et à nos propres yeux, et que l’intimité avec une intelligence supérieure ou une vertu éclatante réagit sur notre propre personnalité, et exerce une influence, consciente ou non, sur nos jugemens et sur nos actes ?

Et qui, présent aux lamentations d’une mère pleurant une fille adorée ne l’a entendue s’écrier, presque dans les mêmes termes que le Poète : elle était trop belle et trop bonne, c’est le ciel qui nous l’a prise et qui en a fait un ange ?

C’est que, sous ces hyperboles familières à la poésie, et surtout à la poésie trécentiste, nous retrouvons toujours une conscience précise de la réalité, et, sous la grandiloquence habituelle du langage, une expression fidèle des sentimens et des sensations humaines. C’est là un des caractères les plus frappans du génie du Poète que, dans ses harmonies les plus éclatantes ou les plus confuses, on ne saisit jamais une note douteuse.


CHAPITRE XXIX


Giuliani pense qu’en s’exprimant ainsi le Poète fait allusion par avance à la place que