Page:Dantin - Contes de Noel, 1936.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
LA MESSE DE FLORENT LÉTOURNEAU

Les ours faisaient la basse à ce beau cantique avec des grognes épouvantables.

Ah ! pour le coup, je vous garantis, Florent sent une nuée de frémilles lui grimper tout le long des os. Il voit qu’il a été se fourrer en plein sabbat des diables occupés à singer la nuit de Noël. La peur le prend ; il veut se sauver ; mais c’est comme si ses pieds étaient vissés à des enclumes. Il reste là, monsieur, pas capable de bouger d’un pouce, et la sueur lui coule sur le corps. Mais c’était pas encore la fin.

À c’te heure v’là un homme et une créature qui sortent de je ne sais où et qui font leur entrée ensemble.

L’homme, le v’limeux diable plutôt, était un géant sans un poil de barbe, maigre comme un hareng salé, les yeux renfoncés, le nez croche, une vraie face de corneille, et la mine mauvaise et bourrue. Il portait un grand fouet, solide et laid à voir avec des mèches garnies de plomb. La femme, à première vue, c’était une belle grosse fille, belles couleurs, belle formance et tout ; — faut ça, vous comprenez, pour que les diablesses puissent tenter les hommes ; — mais pas besoin de regarder de près pour s’apercevoir qu’elle louchait, que son chignon était rapporté et qu’elle avait une livre de fard sur les joues. Probablement qu’en dessous elle était noire comme le charbon.