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CONTES DE NOËL

pouvait juste se tenir sur ses jambes et il s’attendait à toute minute d’être envalé par un trou de l’enfer. Mais non ; il entend derrière lui la neige qui griche et des pas pesants qui se rapprochent. Il n’a que le temps de se ranger, et v’là trois chameaux qui s’avancent, qui passent à côté de lui et foncent dans la caverne en branlant leurs têtes et leurs bosses.

Les trois chameaux portaient trois nègres affublés de bonnets pointus, et un tas de gros sacs. Les trois nègres débarquent, font une manigance au petit diable ; puis un d’eux défait un des sacs, y pige une poignée de vieux sous et les fait rouler sur le sol. « Majesté, qu’il déclame, c’est un présent qu’on vous apporte de toutes les contrées de votre royaume. Ç’a pas l’air de grand’chose, mais ça vaut plus que ça ne paraît : chacun de ces gros sous a été volé dans un tronc d’église ou arraché aux orphelins et aux veuves. » Là-dessus, le jeune Belzébuth se soulève et fait une risette, bien plutôt une grimace à rendre un chien malade.

Le deuxième moricaud s’approche : « J’ai mieux que ça », qu’il dit, et il tire de son sac deux ou trois vases d’or. C’étaient des calices, monsieur, et des saints ciboires que ces maudits-là avaient pillés, peut-être aux États ou en France ; — et il en avait une centaine ! L’héritier d’enfer, pour le coup, se tortille