Page:Danton - Aux tribunaux.djvu/6

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mérite les mêmes reproches que le miniſtre de l’intérieur vient d’adreſſer à la plupart des corps adminiſtratifs.

La liberté conquiſe le 14 juillet eût pu s’affermir en ſix mois & ſans effuſion de ſang ſur des fondemens inébranlables. Le peuple français n’avoit pas beſoin d’envoyer des Décemvirs recueillir au loin les lois des peuples renommés par leur ſageſſe ; nous avions au milieu de nous Mably & Rouſſeau, ces flambeaux immortels de la légiſlation : & s’ils avoient laiſſé à l’eſprit humain quelque choſe à méditer de plus pour la liberté & le bonheur du monde, une convention nationale, qui pouvoit encore, après ces deux grands légiſlateurs, conſulter des ſuppléans tels que Locke, Monteſquieu & Franklin, avoit moins beſoin de génie que de bonne volonté.

Mais, eſt-ce la plupart des fonctionnaires conſtituans ou conſtitués, qui pouvoient vouloir un tel ordre de choſes ? Non. Il n’y a que tout ce qui étoit peuple qui pût aimer la révolution ; & ſe peuple cherchant ſes nouveaux magiſtrats, & au lieu de jetter les yeux autour de lui, les portant naturellement dans la foule ſur les hommes en place, & qu’il remarquoit mieux ſur un lieu déjà élevé, a cru à quelques ſignes de patriotiſme,