Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/182

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nous donne de la connaître, de l’aimer et de l’imiter : ce milieu, c’est la hiérarchie, institution sacrée, savante et forte, qui purifie, illumine et perfectionne, et ainsi nous ramène à Dieu, qui est pureté, lumière et perfection.

Telle est en particulier la hiérarchie des Anges, ainsi nommés parce que, élevés par la bonté divine à un plus haut degré d’être, ils peuvent recevoir une plus grande abondance des bienfaits célestes, et les transmettre aux êtres inférieurs : car Dieu ne se manifeste pas aux hommes directement et par lui-même, mais médiatement et par des ambassadeurs (ἄγγελος). Ce nom d’anges désigne proprement les derniers des esprits bienheureux ; mais il peut très-bien s’appliquer aussi aux plus sublimes, qui possèdent éminemment ce qui appartient à leurs subordonnés, tandis qu’au contraire on ne doit pas toujours étendre réciproquement aux plus humbles rangs de la milice céleste ce qui convient aux premiers rangs.

En effet, les pures intelligences ne sont pas toutes de la même dignité ; mais elles sont distribuées en trois hiérarchies, dont chacune comprend trois ordres. Chaque ordre a son nom particulier ; et, parce que tout nom est l’expression d’une réalité, chaque ordre a véritablement ses propriétés et ses fonctions distinctes et spéciales. Ainsi les Séraphins sont lumière et chaleur, les Chérubins science et sagesse, les Trônes constance et fixité : telle apparaît la première hiérarchie. Les Dominations se nomment de la sorte, à cause de leur sublime affranchissement de toute chose fausse et vile ; les Vertus doivent ce titre à la mâle et invincible vigueur qu’elles déploient dans leurs fonctions sacrées ; le nom des Puissances rappelle la force de leur autorité et le bon ordre dans lequel elles se présentent à l’influence divine : ainsi est caractérisée la deuxième hiérarchie. Les Principautés savent se guider elles-mêmes et diriger invariablement les autres vers Dieu ; les Archanges tiennent aux Principautés en ce qu’ils gouvernent les Anges, et aux Anges, en ce qu’ils remplissent parfois, comme eux, la mission d’ambassadeurs : telle est la troisième hiérarchie. Tels sont les neuf chœurs de l’armée céleste.

La première hiérarchie, plus proche de la Divinité, se purifie, s’illumine et se perfectionne plus parfaitement ; elle préside à l’initiation de la deuxième, qui participe, en sa mesure propre, à la pureté, à la lumière et à la perfection, et devient à son tour pour la troisième le canal et l’instrument des grâces divines.