Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/269

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cile. Si l’intelligence, mécontente de sa portion respective du bienfait divin, essaie de franchir les bornes que Dieu lui a fixées ; si elle s’applique témérairement à contempler des splendeurs qui la surpassent, sans doute la lumière ne cessera pas pour cela de verser ses flots ; mais l’âme s’ingérant avec imperfection dans les choses parfaites ni n’obtiendra ce qui ne lui fut point destiné, ni même ne conservera, à cause de son fol orgueil, ce qui lui avait été départi. Toutefois, comme je l’ai dit, la bienfaisante lumière étincelle sans cesse sur tous les esprits ; toujours présente, toujours préparée à se communiquer avec une libéralité divine, il leur est libre de la recevoir.

Et l’hiérarque se façonne à imiter cette sublime leçon. Il répand généreusement l’éclatante splendeur des divins enseignements ; à l’exemple de la divinité, il se montre toujours prêt à éclairer quiconque le désire ; son cœur est sans jalousie, ses lèvres n’ont pas d’amers reproches pour ceux qui combattirent la lumière, ou l’ambitionnèrent sans humilité ; il fait luire devant tous ceux qui viennent à lui le flambeau de la doctrine pontificale avec je ne sais quoi de divin et de parfaitement ordonné, et dans la mesure qui convient aux besoins de chaque intelligence.

IV. Or, parce que Dieu est le principe de cette sainte institution qui apprend aux âmes à se connaître elles-mêmes, quiconque voudra considérer sa propre nature, saura d’abord ce qu’il est ; et telle sera la première et douce récompense de son docile amour pour la lumière : devant cette contemplation de lui-même faite d’un œil tranquille et pur, les épaisses ténèbres de son ignorance se dissiperont. Il est vrai que, dans son imperfection, il ne se prendra pas à