Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/315

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agréable à Dieu et digne du sacerdoce, jusqu’à ce que, poussé par un mouvement surnaturel, il le créa grand-prêtre, selon le rit que Dieu lui-même lui prescrivit. Bien plus, notre premier et divin chef hiérarchique (car le très-doux Jésus voulut bien se faire notre pontife) ne se glorifia pas lui-même, comme attestent les Écritures[1] ; mais il fut glorifié par celui qui lui dit : « Vous êtes prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech[2]. » C’est pourquoi, lorsqu’il s’agit d’appeler ses apôtres à l’honneur de l’épiscopat, bien que, comme Dieu, il fût l’auteur de toute consécration, néanmoins, selon l’esprit de la hiérarchie, il rapporta cette action à son Père adorable et au Saint-Esprit, recommandant aux disciples, ainsi qu’on le voit dans l’Écriture, de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre la promesse du Père, que « vous avez entendue de ma bouche, dit-il ; c’est que vous serez baptisés dans le Saint-Esprit[3]. » Ainsi agit encore le prince des apôtres avec ses dix collègues dans la dignité pontificale : car étant question de consacrer un douzième apôtre, il en laissa religieusement le choix à la divinité. « Montrez, dit-il, celui que vous avez élu[4] ; » et il reçut au nombre des douze celui qu’avait désigné un divin sort.

Mais comme plusieurs ont parlé diversement et, selon moi, avec une piété peu éclairée de ce sort divin qui échut à Matthias, j’émettrai moi-même mon opinion. Je crois donc que les saintes Lettres ont nommé sort en cet endroit quelque céleste indice par lequel fut manifesté au collége apostolique celui qu’avait adopté l’élection divine. Car ce n’est point de son propre arbitre que le pontife sacré peut promouvoir aux

  1. Hebr., 5, 5.
  2. Psalm., 109, 4.
  3. Act., 1, 4.
  4. Ibid., 1, 24.