Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/327

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entendue a déjà reçu en Jésus-Christ sa glorieuse réalisation. Quelques-uns imaginent que les âmes s’allieront à d’autres corps ; en quoi, ce me semble, ils sont injustes envers les corps qui ont partagé les travaux des âmes saintes, puisqu’ils les privent indignement des divines récompenses qui les attendaient au bout de la carrière. D’autres enfin, inclinés vers je ne sais quelles grossières pensées, disent que le saint et bienheureux état promis aux élus ressemble à cette vie terrestre, et avec une rare inconvenance, promettent à ceux qui seront les frères des anges un mode d’alimentation propre à des corps altérables. Mais les hommes pieux ne donneront jamais en de pareilles extravagances : car comme ils savent qu’ils entreront, corps et âme, dans le repos du Christ, quand est venu le terme de cette vie périssable, ils voient plus clairement, parce qu’ils en sont plus proches, le chemin qui les mène à l’immortalité ; ils célèbrent la bienfaisance céleste, et sont inondés d’un divin contentement, ne craignant plus une ruine ultérieure, mais certains que la félicité conquise leur restera immuablement et pour l’éternité. Pour ceux au contraire qui sont pleins d’iniquités et de criminelles souillures, si la sainte doctrine leur fut autrefois départie, et s’ils l’ont tristement rejetée de leur esprit pour se précipiter dans la corruption des voluptés ignobles, le terme de cette vie étant arrivé, la loi des oracles divins cesse de leur paraître aussi méprisable ; ils voient d’un tout autre œil les charmes des plaisirs passagers, et glorifiant la vertu qu’ils ont follement négligée, ils sortent de ce monde misérablement et à regret, et totalement déchus de la douce espérance, à cause de leur déplorable conduite.

III. Mais parce qu’aucune de ces tristesses ne