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CHAPITRE I.


et composé ce qui est excellemment simple et incorporel. Mais quand nous serons devenus incorruptibles et immortels, et que le Christ nous aura associés à sa félicité glorieuse, alors, comme il est écrit, nous habiterons éternellement avec le Seigneur[1] ; admis à la chaste contemplation de sa sainte humanité, il nous inondera des torrents de sa splendide lumière, comme il arriva aux disciples dans le mystère de la transfiguration ; également il fera luire ses clartés intelligibles sur notre âme dégagée alors de la matière et des passions, et parmi les douceurs d’une inconcevable union, elle s’enivrera des rayons épanouis de ce merveilleux soleil, à peu près comme les célestes intelligences ; car, ainsi que dit la parole de vérité, nous serons semblables aux anges et enfants de Dieu, puisque nous serons enfants de la résurrection[2]. Mais ici-bas les choses divines ne nous apparaissent qu’au travers de symboles accommodés à notre infirme nature ; c’est par là que nous atteignons jusqu’à un certain point les réalités spirituelles dans leur simplicité et leur unité, et que, possesseurs de ces connaissances touchant le monde angélique, nous faisons cesser toute opération de l’entendement, pour contempler, autant qu’il est permis, la splendeur de Dieu : lumière infinie, où sont fixées d’une façon ineffable les bornes de notre savoir, et qui ne peut être comprise, ni exprimée, ni vue parfaitement, parce qu’elle est supérieure à toutes choses et absolument inconnue ; parce qu’elle renferme et dépasse éminemment les limites que peuvent atteindre l’essence et la force de toutes les créatures ensemble ; parce qu’enfin, dans sa sublimité, elle n’est pas saisie

  1. I. Thess., 4, 16.
  2. Luc., 20, 36.