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DES NOMS DIVINS.


chose de la corruption, nous applaudissons volontiers à qui comprend de la sorte cet attribut, et nous pensons que dans son sens, comme dans le nôtre, le salut est cette force universelle, qui fait que toutes choses subsistent invariables, sans trouble ni dégradation ; qui prévient les luttes et l’hostilité, en maintenant l’essentielle distinction de chaque être ; qui empêche que les substances diverses ne s’altèrent mutuellement dans leur nature ou ne se gênent dans leurs opérations, et enfin qui fixe et affermit les raisons constitutives de chaque existence, de peur qu’elles ne se corrompent et ne se convertissent en leurs contraires.

C’est entrer également dans l’esprit des saintes Lettres que de proclamer que la divinité est aussi salut, parce que sa bonté secourable répare les ruines que tous les êtres pourraient subir dans leurs biens propres, autant du moins que leur nature les rend susceptibles de cette restauration. De là vient que les théologiens donnent à Dieu le titre de rédempteur, soit parce qu’il ne permet pas que les substances retombent dans le néant, soit parce que, si quelques-unes d’entre elles se précipitent dans l’erreur et le désordre, et viennent à déchoir de leur perfection naturelle, il remédie à leur faute, à leur faiblesse et à leur désastre ; qu’il supplée à ce qui leur manque, soutient paternellement leur infirmité et les délivre du mal, et que, bien plus, il les affermit dans le bien, leur restitue abondamment ce qu’elles avaient perdu, rétablit en elles, l’ordre troublé et la beauté éclipsée, les rend parfaites enfin et les affranchit de toutes choses funestes.

Mais c’est assez sur tous ces points. Nous observerons seulement que la justice règle et détermine