Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/471

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élevé par delà toute essence et toute notion. Car c’est par ce sincère, spontané et total abandon de vous-même et de toutes choses, que libre et dégagé d’entraves vous vous précipiterez dans l’éclat mystérieux de la divine obscurité.

II. Veillez à ce que ces choses ne soient pas entendues par les indignes : je veux parler de ceux qui se fixent dans la créature, qui n’imaginent au-dessus du monde de la nature aucune réalité supérieure, et qui estiment pouvoir connaître par la force de leur propre esprit celui qui a pris les ténèbres pour retraite[1]. Mais si la doctrine des divins mystères dépasse la portée de ces hommes, que dira-t-on des profanes qui désignant la cause sublime de tout précisément par les plus viles substances de l’univers, et soutiennent qu’elle n’a rien de plus excellent que ces simulacres impies et de formes multiples que leurs mains ont façonnés ? tandis qu’on doit lui attribuer et affirmer d’elle ce qu’il y a de positif dans les êtres, puisqu’elle en est la cause ; ou mieux encore, le nier radicalement, puisqu’elle leur est infiniment supérieure ; tandis encore qu’ici la négation ne contredit pas l’affirmation et que cette nature suprême s’élève au-dessus de tout, au-dessus de toute négation comme de toute affirmation.

III. C’est en ce sens que le divin apôtre Barthélemi disait que la théologie est tout ensemble développée et briève, l’Évangile ample, abondant et néanmoins concis. Par là il me semble avoir excellemment compris que la bienfaisante cause de tout s’exprime en de nombreuses et en de courtes paroles, s’exprime même sans discours, n’y ayant pour elle ni discours

  1. Psalm., 17, 13.