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XCV
INTRODUCTION.

glise, ne pouvait être, et ne fut en effet qu’un syncrétisme, ou rassemblement d’affirmations multiples, groupées autour d’une idée flottante, incertaine, contestable. Il diffère au même titre de l’éclectisme actuel, dont le principe n’a qu’une valeur relative et arbitraire, et la méthode qu’une portée étroite et trompeuse : frêle et triste production que le génie de son père aurait peut-être fait vivre dans une atmosphère païenne, mais que le soleil du christianisme a fait sécher sur pied. Car l’Église en donnant sur toutes les plus graves questions des solutions claires, précises, élevées, et en créant une philosophie populaire qui est passée à l’état de bon sens public, a rendu inutiles les travaux du rationalisme, et son triomphe impossible.

Armé de ce principe, comme d’un réactif puissant, saint Denys soumit à l’analyse les doctrines philosophiques, qui avaient pris possession des intelligences ; il conserva ce qui put résister, et rejeta ce qui dut succomber à l’épreuve dans cette opération de chimie intellectuelle, si l’on me permet ce mot. Ainsi furent épurées, et au moyen de cette transformation, ramenées à la hauteur de la pensée chrétienne les conceptions qui avaient fait le plus d’honneur à l’esprit humain. Le platonisme et la philosophie orientale prêtèrent leurs formules pour exprimer ce résultat nouveau[1]. Tel fut le premier système de la philosophie catholique : système vaste, plein de force et d’harmonie : œuvre qui porte le sceau d’une intelligence profonde et d’une foi pure.

Voici les chefs principaux qu’expose ce catéchisme sublimé :

  1. Par ce terme de philosophie orientale, je n’entends pas ici la philosophie de l’école alexandrine, qui n’existait pas encore au temps de saint Denys, mais seulement ces doctrines, quelles qu’elles soient, qu’il a pu connaître et étudier dans ses voyages en Égypte et en Orient.