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JOB XXVIII – XXX

viennent pas dans la mémoire ; et la possession de la sagesse vaut mieux que les perles[1].
19La topaze d’Éthiopie ne lui est pas comparée, on ne la met pas dans la balance avec l’or pur.
20Mais la sagesse, d’où vient-elle ? et où est le lieu de l’intelligence ?
21Elle est voilée aux yeux de tous les vivants, et elle est cachée aux oiseaux des cieux.
22La destruction et la mort disent : De nos oreilles nous en avons entendu la rumeur.
23Dieu comprend son chemin, et lui, il connaît son lieu.
24Car lui, voit jusqu’aux bouts de la terre : sa vue s’étend sous tous les cieux.
25Quand il fixait au vent sa pesanteur, et qu’il établissait les eaux selon leur mesure ;
26Quand il faisait une loi pour la pluie, et un chemin pour le sillon de la foudre :
27Alors il la vit et la manifesta ; il l’établit, et il la sonda aussi ;
28Et il dit à l’homme : Voici, la crainte du Seigneur, c’est là la sagesse, et se retirer du mal est l’intelligence.

XXIX. — Et Job reprit son discours sentencieux et dit :

2Oh ! que ne suis-je comme aux mois d’autrefois, comme aux jours où †Dieu me gardait ;
3Quand sa clarté[2] luisait sur ma tête, et que dans les ténèbres je marchais à sa lumière ;
4Comme j’étais aux jours de mon automne[3], quand le conseil secret de †Dieu présidait sur ma tente ;
5Quand le Tout-puissant était encore avec moi, [et] que mes jeunes gens m’entouraient ;
6Quand je lavais mes pas dans le caillé[4], et que le rocher versait auprès de moi des ruisseaux d’huile ! —
7Quand je sortais [pour aller] à la porte par la ville, quand je préparais mon siège sur la place :
8Les jeunes gens me voyaient et se cachaient, et les vieillards se levaient [et] se tenaient debout ;
9Les princes s’abstenaient de parler et mettaient la main sur leur bouche,
10La voix des nobles s’éteignait[5], et leur langue se collait à leur palais.
11Quand l’oreille m’entendait, elle m’appelait bienheureux ; quand l’œil me voyait, il me rendait témoignage ;
12Car je délivrais le malheureux qui implorait du secours, et l’orphelin qui était sans aide.
13La bénédiction de celui qui périssait venait sur moi, et je faisais chanter de joie le cœur de la veuve.
14Je me vêtais de la justice, et elle me revêtait[6]; ma droiture m’était comme un manteau[7] et un turban.
15J’étais, moi, les yeux de l’aveugle et les pieds du boiteux ;
16J’étais un père pour les pauvres, et j’examinais la cause de celui qui m’était inconnu ;
17Et je brisais la mâchoire de l’inique, et d’entre ses dents j’arrachais la proie.
18Et je disais : J’expirerai dans mon nid, et mes jours seront nombreux comme le sable ;
19Ma racine sera ouverte aux eaux, et la rosée séjournera sur ma branche ;
20Ma gloire [restera] toujours nouvelle avec moi, et mon arc rajeunira dans ma main.
21On m’écoutait et on attendait, et on se taisait pour [avoir] mon conseil ;
22Après que j’avais parlé on ne répliquait pas, et mon discours distillait sur eux ;
23Et on m’attendait comme la pluie, et on ouvrait la bouche [comme] pour la pluie de la dernière saison.
24Si je leur souriais, ils ne le croyaient pas[8], et ils ne troublaient pas la sérénité de ma face.
25Je choisissais pour eux le chemin et je m’asseyais à leur tête, et je demeurais comme un roi au milieu d’une troupe, comme quelqu’un qui console les affligés.
XXX. — Et maintenant, ceux qui sont plus jeunes que moi se moquent de moi, ceux dont j’aurais dédaigné de mettre les pères avec les chiens de mon troupeau.
2Même à quoi m’aurait servi la force de leurs mains ? La vigueur est périe pour eux.
3Desséchés par la disette et la faim, ils s’enfuient dans[9] les lieux arides, dès longtemps désolés et déserts ;
4Ils cueillent le pourpier de mer parmi les broussailles, et, pour leur pain, la racine des genêts.
5Ils sont chassés du milieu [des hommes], (on crie après eux comme après un voleur),
6Pour demeurer dans des gorges affreuses, dans les trous de la terre et des rochers[10];
7Ils hurlent parmi les broussailles, ils se rassemblent sous les ronces :
8Fils d’insensés, et fils de gens sans nom, ils sont chassés du pays.
9Et maintenant, je suis leur chanson et je suis le sujet de leur entretien.
10Ils m’ont en horreur, ils se tiennent loin de moi, et n’épargnent pas à ma face les crachats ;
11Car Il a délié ma corde et m’a affligé : ils ont jeté loin [tout] frein devant moi.

  1. un autre corail (?), ou : rubis.
  2. litt. : lampe.
  3. peut-être : ma jeunesse ; c’était le commencement de l’année civile.
  4. ou : dans le beurre.
  5. litt. : se cachait.
  6. c. à d. me couvrait, comme un vêtement.
  7. ailleurs : robe ; c’est le large vêtement extérieur des orientaux.
  8. qqs. : Je leur souriais quand ils étaient sans courage.
  9. d’autres : ils broutent.
  10. ou : et dans les rochers.