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L’ELOGE DE VAUBAN ET L’EXIL A METZ


royale[1] «porté, comme dit Saint-Simon, dans tous les cœurs français.»

Le marquis de Montalembert, qui avait longtemps servi dans la cavalerie, s’était posé comme réformateur des théories de Vauban. Il développa ses idées dans un grand ouvrage qui commença de paraître en 1776 : La fortification perpendiculaire ou l’art défensif supérieur à l’art offensif[2]. Au système des forts bastionnés auquel s’était tenu Vauban, il substituait celui des forteresses angulaires avec des casemates, ayant pour principe constant que les casemates sont le seul moyen de mettre un petit nombre d’hommes en état de soutenir longtemps, et en toute sécurité, les attaques d’un plus grand nombre. En établissant le long des frontières de grandes lignes permanentes, soutenues par ses forteresses, il prétendait les rendre absolument impénétrables à l’ennemi. En vain Montalembert dépensait sa fortune pour l’impression de ses ouvrages, en vain il montrait ses idées répandues à l’étranger, appliquées en Prusse. En vain son fort en bois de l'île d’Aix, casemate selon ses plans, subit une triomphante épreuve. C’est une grande entreprise pour un officier de cavalerie que de vouloir réformer des ingénieurs ! Le corps du génie tout entier souleva contre l’imprudent qui avait osé toucher à Vauban. Le premier inspecteur général des fortifications, M. de Fourcroy, était un vieillard laborieux, mais rageusement hostile à toute innovation. Après M. de Vauban, il n’admettait que M. de Carmontaingne. «Sa religion professionnelle se fondait

  1. La Dime royale était un projet d’impôt proportionnel sur le revenu
  2. Paris, 1776-1796, 11 vol. in.4°.