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LA CHAUMIÈRE

ormais je ne pourrai plus te cacher la douleur que je renferme depuis longtemps au fond de mon cœur ; cependant ma mort serait peut-être un bonheur pour ma famille : car mes lâches ennemis cesseraient sans doute de vous persécuter ». — Mon père, lui répondis-je, vous me déchirez le cœur ; comment pouvez-vous, oubliant vos enfans, leur tendre affection, les secours que vous leur devez et qu’ils ont droit d’attendre de vous, vouloir leur faire croire que votre mort serait un bonheur pour eux ?… À ces mots, mon malheureux père s’attendrit et ses larmes coulèrent en abondance ; puis me pressant sur son sein, il s’écria : « Non, non, mes chers enfans, je ne mourrai pas, mais je vivrai pour vous procurer une existence plus heureuse que celle que vous traînez depuis que nous sommes au Sénégal. Dès ce moment,