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LA CHAUMIÈRE

contre son cœur, il nous arrose de ses larmes, et semble jeter sur nous ses derniers regards.

Toutes les personnes de notre embarcation sont saisies de la même horreur, mais elles le manifestent d’une manière différente. Une partie des matelots reste immobile, l’esprit égaré ; l’autre pousse des cris d’encouragement ; les enfans se précipitent dans les bras de leurs parens, en jetant des cris perçans ; ceux-là demandent à boire, en rendant l’eau salée qui les suffoque ; ceux-ci enfin, s’embrassent comme pour se dire un dernier adieu, entrelacent leurs bras et jurent de mourir ensemble.

Cependant la mer soulevée par les vents devient toujours plus grosse ; toute la surface de l’Océan n’offre plus qu’une vaste plaine d’écume blanche sillonnée de vagues noirâtres et d’abîmes profonds. Le tonnerre gronde de tous côtés, et les