Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/108

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— S’il y avait une justice, il y aurait longtemps que ce gredin-là traînerait le boulet !


La tante Moreau que nous allons voir, est ma grand’tante. C’est la sœur du père Toussaint, la tante de ma mère. Elle a aujourd’hui soixante-huit ans. Elle est veuve de M. Moreau, marchand de vins en gros, à Bercy ! À la mort de son mari, ― il y a dix ans au moins ― comme elle n’avait pas d’enfant, elle avait résolu de venir se fixer à Versailles, à côté de nous. Mais le grand-père Toussaint est intervenu. Il a déclaré que sa sœur avait grand tort de vouloir habiter Versailles, qu’une ville, c’était toujours très bruyant, plus ou moins malsain ; que l’air de la campagne était bien préférable, surtout pour une personne qui avait longtemps habité Paris. Là, depuis, il s’est mis à vanter les charmes de la vie champêtre, a assuré qu’il vivait au milieu des champs comme un coq en pâte et qu’il engraissait de dix livres par an, ni plus, ni moins. Et, lorsqu’il a eu à moitié convaincu sa sœur, il a annoncé qu’il y avait justement, à Moussy-en-Josas, à côté de chez lui, une belle propriété à vendre, le Pavillon : un ancien rendez-