Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/290

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― Et dire qu’à la maison, on ne parlait que de patriotisme, de défense nationale, de guerre à outrance ! On ne parlait que d’élever son cœur !…

― Le patriotisme, murmure le père Merlin qui semble se parler à lui-même, mais dont la voix s’élève peu à peu, le patriotisme ! Une trouvaille du siècle ! Une création toute nouvelle ! Une invention des bourgeois émerveillés par la légende de l’an II, hébétés par les panaches et les chamarrures de l’Empire ! C’est drôle, ils en rêvent tous, ces idiots, du plumet et de la ceinture à glands d’or des commissaires de la Convention aux armées !… On n’a qu’à désosser Saint-Just pour avoir Prud’homme… Un peu trop jeunes pour partir en guerre, les sires de Framboisy ; mais ça ne les empêche pas de faire les crânes. À Berlin ! À Berlin !… Allez leur crier : Vive la Paix, à ces ânes-là, pour voir comment vous serez reçus… J’en sais quelque chose… Le patriotisme, monsieur ! Et allez donc, les blouses blanches et les casse-têtes tricolores !… Et puis, la débâcle : encore le patriotisme… Seulement plus de casse-têtes : les souvenirs de 92. Ça vous assomme tout de même…