Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/292

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des tueries inutiles, des boucheries idiotes, des carnages imbéciles. Ah ! il a tenu haut le drapeau, celui-là…

Le drapeau !… Voilà Thiers, le vieil assassin, l’homme qui a toujours fait litière de la justice et du droit : il est au pinacle. Il montera encore, le chacal ; et il pourra, si ça lui plaît, recommencer Transnonain. Qu’est-ce que ça fait ? C’est un patriote…

Ah ! ils y tiennent, à leur patriotisme ! Ils y tiennent, comme on tient aux sentiments factices, ceux qu’on n’éprouve pas ― et qu’on se targue d’éprouver… Seulement, il y a la pierre de touche : l’intérêt. Oh ! alors… Alors, les capotes en papier buvard, les souliers en carton, la poudre d’ardoise pilée, la viande pourrie, la farine avariée… Tiens, petit, tu serais à l’armée, toi, ― et le vieux me frappe sur l’épaule ― tu serais soldat, que ton père, entends-tu, ton père ? fournirait, pour de l’argent, aux Prussiens, de quoi établir les batteries qui devraient tirer sur toi !…

C’est dégoûtant, hein ? C’est infâme ? Oui, je sais bien… mais c’est logique, après tout. Ou plutôt, ce serait logique s’il n’y avait pas le patriotisme… L’intérêt ! l’intérêt !… Le