Page:Darien-Descaves - Les Chapons.djvu/23

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BARBIER.

On peut dire que j’ai eu du nez. J’avais toujours pensé, moi, que les Prussiens arriveraient à Versailles quand on ne les y attendrait pas… Nous en sommes réduits à remuer le thé avec un crayon… C’est le commencement des privations.

MADAME BARBIER, se levant et venant derrière lui.

Voyons, monsieur Barbier, ne te rends pas malade. (Lui grattant le menton comme aux enfants.) Qu’est ce qui va boire son thé bien chaud, bien sucré ?… Encore un que les Prussiens n’auront pas, va… Tu l’as dit assez souvent avec Raquillet.

BARBIER.

Raquillet… Raquillet… Tu vois comme il nous renseigne… A-t-il assez fait le fendant, l’a-t-il assez fait ! Tu te rappelles, quand le département a été mis en état de siège ?… « C’est la Providence qui les envoie en Seine-et-Oise, disait-il, ce sera leur tombeau ! » Et maintenant, je suis sûr qu’il en est à ne pas oser traverser la rue pour venir nous donner des nouvelles.

MADAME BARBIER.

Écoute donc… S’ils l’avaient pris comme otage ? Un commerçant…

BARBIER.

Un marchand de tabac ? Tu sais bien qu’ils ne prennent que des notables… Après ça, il est si intrigant !