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MADAME BARBIER, après encore un silence.

C’est drôle tout de même que Catherine, ordinairement si peu expansive, se soit ainsi répandue en menaces. Raquillet se trompe ; rien dans ses allures ne justifie les intentions qu’il lui prête.

BARBIER, dubitatif.

Rien… rien… L’as-tu vue tout à l’heure, quand elle servait le thé ? Elle avait un singulier regard en dessous, pas franc, que je ne lui connaissais pas.

MADAME BARBIER.

Elle a toujours été un peu sauvage. Depuis vingt-cinq ans qu’elle est chez nous, rarement nous avons assisté à une explosion de ses sentiments. Ils ne s’échappent pas de son « en-dedans », comme elle dit elle-même.

BARBIER.

Voilà précisément ce qui m’inquiète. Je préférerais une nature ouverte. On saurait à quoi s’en tenir. Tandis que nous sommes sur le qui-vive. Si tu crois que nous allons pouvoir dormir tranquilles, à présent.

MADAME BARBIER.

Peut-être les paroles de Catherine ont-elles été inexactement rapportées.

BARBIER.

N’épiloguons pas. Il est parfaitement possible que cette fille… primitive, tu l’as dit, soit conduite, par un des deux ou trois sentiments qui la gouvernent, à se faire justice soi-même.