Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/143

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— Quel est le pied qui était avec toi ?

— C’est Craponi.

— Craponi ! s’écrie Acajou. Ah ! je m’en doutais. Nous n’avons pas eu le temps de le reconnaître, mais je m’en doutais. Ah ! la canaille ! s’il avait eu le cœur de rester là, au moins ! J’ai justement un compte à régler avec lui… Ah ! ces Corses, ce que ça a le foie blanc, tout de même ! Aussi vrai que j’ai cinq doigts dans la main, je le saignais comme un cochon !…

— Peuh ! dit Queslier en levant les épaules, les hommes, vois-tu, ça n’avance pas à grand’chose de les descendre. Un de perdu, dix de retrouvés.

Rabasse est assez de cet avis. Seulement, il fait observer qu’on se débarrasse bien des animaux nuisibles et que, par conséquent…

— Ah ! s’écrie l’Amiral, qui traduit la pensée commune, si jamais la guerre éclate et qu’on soit conduit par des êtres pareils, ce ne sont pas les Prussiens qu’on dégringolera les premiers !


Nous ne sommes arrivés à Sidi-Ahmed qu’à la chute du jour. On nous a appris que nous faisions partie d’un détachement formé des derniers traînards, au nombre d’une soixantaine, et qui allait occuper le poste d’El-Gatous. Nous ne devons donc plus marcher sous les ordres du capitaine qui, avec le gros de la compagnie, a encore quatre étapes à faire pour atteindre Aïn-Halib.

— Ça m’étonne bien qu’on ne nous fasse pas appeler pour l’affaire de tantôt, dit le Crocodile. Craponi a dû porter plainte.

— Tiens, le voilà justement qui vient par ici.

Le Corse, figure basse et hypocritement féroce,