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Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/156

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infamies, ignominies monstrueuses sur complaisances ignobles, et nous verrons. Vous ne voulez pas vous soumettre ? Nous vous ferons passer au conseil de guerre qui, pour un semblant de refus d’obéissance, une parole un peu vive, vous octroiera généreusement le maximum de la peine portée par le Code. Dans le cas où nous ne pourrions relever contre vous aucun motif de conseil de guerre, la chose est très simple : deux ou trois tours de trop aux fers, un nœud de plus au bâillon, quelques gamelles oubliées, et voilà tout. On n’a plus qu’à creuser une fosse. Ce n’est pas bien long, allez !

— Mais c’est monstrueux !

— Oui, monstrueux ! Et il a tenu parole, va, l’homme qui prêche la religion, la famille et les bons sentiments. Si ceux qui sont déjà là-haut, sur la colline, pouvaient parler, ils te nommeraient celui qui les y a envoyés ; tu peux aller te renseigner, aussi, auprès des malheureux qu’il laisse croupir en prison, dans un ravin, et auxquels il fait endurer les plus horribles supplices. Va leur demander quel est le régime qu’on leur impose, pourquoi on les fait mourir de soif et de faim, pourquoi on les met aux fers, à la crapaudine, pourquoi, au moindre mot, on leur met un bâillon.

— Tu es sûr ? Tu les as vus ?

— Si je les ai vus ? Déjà vingt fois. Et tu les verras aussi, toi, la première fois que tu seras de garde. Ah ! tu ne sais pas ce que c’est que la prison, aux Compagnies de Discipline ? Eh bien ! tu verras s’il y a de quoi rire… Tiens, on est si malheureux, ici, qu’il y a des hommes qui font exprès de passer au conseil de guerre pour quitter la compagnie. La semaine dernière, les gendarmes en ont emmené sept. Il y en a