nous la connaissons, l’armée telle que nous la rencontrons tous les jours, l’armée régulière, enfin ? Est-ce l’armée, cette poignée d’indisciplinés revêtus de la capote grise et soumis à des règlements inconnus dans les régiments ? Est-ce l’armée, ce bas-fonds où croupissent les relégués militaires ? C’est l’armée comme le bagne est la société.
L’armée ! Mais si j’eusse voulu parler d’elle, je n’aurais point été la chercher là. J’aurais été la chercher où elle est. Et, dans un roman prochain, l’Épaulette, je me réserve le droit de dire ce que j’en pense et de convaincre de mauvaise foi ceux qui m’auront mal jugé.
Ah ! je le sais bien, le malheureux que je mets en scène, aigri par la souffrance, aveuglé par la haine, s’emporte violemment, parfois, contre le système militaire tout entier. Il le charge de tous ses crimes, lui fait porter le poids de toutes ses défaillances, l’accuse de toutes ses mauvaises passions… Mais c’était nécessaire, cela ! C’était nécessaire, cette exagération même des diatribes, cette outrance maladive de la colère et des imprécations ! La souffrance réclame. Seulement, cette déclamation-là, souvent, ce n’est pas un cri de révolte : c’est un bâillement.