Je suis perdu ! Cette pensée ne me quitte pas. Elle me harcèle ; je ne vois pas autre chose, rien, rien. Et, chaque fois que je m’écrie en moi-même, indigné :
— Mais l’accusation portée contre moi est un infâme mensonge ! C’est faux !
J’entends la voix blanche du Corse qui répond : « C’est vrai ! »
Et je sens que le Corse aura raison, toujours raison, et que mon témoignage à moi, Camisard revêtu de la capote grise, ne pèse pas plus, devant l’affirmation du galonné, qu’une plume devant un coup de vent… C’est à se briser la tête contre les murs !
Perdu !… Je me redis ce mot tout le long des vingt-cinq kilomètres que j’ai à faire, les mains attachées, pour arriver à Aïn-Halib.
Perdu !… Je me le redis encore quand, le soir, on m’a mis les fers aux pieds et aux mains et qu’on m’a