Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/278

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— C’est faux.

— Caporal Balteux…

J’entends d’avance sa réponse… Je suis foutu !


Mais Queslier s’est élancé vers le caporal et l’a saisi par le bras.

— Caporal, vous êtes Français, vous ! Vous n’êtes pas Corse ! Les Français ne savent pas mentir ! Vous ne voudrez pas faire condamner un innocent, prêter la main…

Le capitaine s’est levé. Il frappe du poing sur le pupitre et ses hurlements se croisent avec les exclamations de Queslier.

— Caporal ! Suivez l’exemple de vos chefs… la hiérarchie !… la famille !… Vous retournerez voir votre famille avec des galons d’or… Vous serez sergent ! Vous êtes un des premiers sur le tableau d’avancement…

— Vous savez tout ; ne soyez pas sergent, soyez honnête homme. Ça vaut mieux, allez !

Le caporal étend la main. Il fait signe qu’il veut parler.

Un grand silence.


— Les sergents vous ont trompé, mon capitaine. Froissard est innocent. Queslier a dit la vérité. Je le jure !…

On nous a fait sortir, Queslier et moi.


Je ne passerai pas au conseil de guerre. Seulement, j’aurai soixante jours de prison pour bris d’un ustensile appartenant à l’État. Ce qu’il est veinard, l’État ! Je voudrais bien être à sa place.

Non, j’aimerais mieux avoir ce qui reste de la