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XXXI


Je suis en prison ― encore ― et je fais le peloton ― toujours.

Ce n’est plus El-Ksob, ici. Je n’ai plus de vin, plus d’alcool, plus de tabac, plus de Louis-Quinze ― plus même de pain. Je suis retombé dans la misère noire.


Eh bien ! tant mieux ! Je suis content de m’être débarrassé de tout cela, d’avoir secoué toute cette honte.

J’ai reconquis ma haine d’autrefois, la rage qui me met le feu au ventre, ma volonté d’énergumène. Je veux sortir du Barathre. Du courage, il m’en faut encore pendant une demi-année. J’en aurai.

Je suis bien portant, d’ailleurs, malgré les fers, malgré les mauvais traitements, malgré les privations du régime cellulaire. Je me suis rhabitué à ne plus manger qu’une soupe sur quatre. De la blague, tout ça, lorsqu’on sait qu’on sera libre au bout de six mois !

Je me sens fort, en dépit de tout. Et j’ai même une