Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/63

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maintenant, je ne sais pas si je ne ferais pas mieux de m’acheter une corde pour me pendre que de continuer l’existence que je mène. À qui m’adresser, pour me faire avancer les sommes dont j’ai besoin et avec lesquelles je serais certain d’arriver, en peu de temps, à un beau résultat ? À qui ? À des établissements de crédit ? Allez-y voir ! D’ailleurs, vous savez aussi bien que moi que toutes ces boîtes-là prêtent au capital, mais non au travail… Alors, quoi ? Finir de manger mes quatre sous et piquer une tête dans la Medjerdah ? Ce serait peut-être le plus simple… Tenez, tout ça, voulez-vous que je vous dise ? c’est de la fouterie…

Il m’a pris par les bras.

— Venez donc boire quelque chose… À quoi ça sert-il, après tout, de se faire de la bile ? Quand je m’en fourrerais les quatre doigts et le pouce dans l’œil… Nous allons dîner ensemble, n’est-ce pas ?

— Je ne demanderais pas mieux, mais il est déjà tard, et comme je dois être rentré au camp pour l’appel…

— Bah ! l’appel ! je parie qu’ils ne le font pas une fois tous les quinze jours. Venez donc ; si vous rentrez une demi-heure ou une heure en retard, personne ne s’en apercevra…


On s’en est aperçu. Le capitaine commandant la batterie vient de m’infliger huit jours de prison.

Ce n’est pourtant pas un mauvais diable, ce capitaine, gros bonhomme toujours essoufflé, tapotant sans cesse avec son mouchoir son front qui ruisselle constamment de sueur.

Du reste, il a eu soin de me faire prévenir par le fourrier qui m’a annoncé ma punition : « Dites-lui