Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/66

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— Le capitaine !

J’entends un bruit de grosses bottes, un cliquetis d’éperons. C’est lui. Il entre.

— Froissard, vous êtes là ? … Ah ! oui… Eh bien ! j’ai une triste nouvelle à vous apprendre. Le général, sachant que vous avez déjà encouru beaucoup de punitions, m’a fait demander votre livret. Je crois qu’il a l’intention de vous faire passer devant un Conseil de corps. Voilà, voilà… je vous l’avais bien dit… Si vous aviez voulu m’écouter… mais non… on veut en faire à sa tête…

Et patati et patata.

Son petit laïus ne m’avance pas à grand’chose, évidemment ; mais c’est égal, ça me fait presque plaisir de l’entendre me bougonner, ce gros poussah qui, malgré tout, porte de l’intérêt à ses hommes et ne les regarde pas tout à fait comme des animaux. Il n’a pas l’air de se figurer qu’il est pétri d’une autre pâte qu’eux ; il a certainement le cœur moins racorni que tous ceux que j’ai rencontrés jusqu’ici, automates graissés de morgue tudesque et remontés tous les matins par la clef de l’orgueil idiot. C’est encore un homme, au bout du compte, ce vieux maboul que j’entends ronchonner en s’en allant :

— Rien écouter… faire la noce… rentré en France… p’tits enfants… p’tits lapins…..