Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/71

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sur le texte des réponses inconvenantes, qu’il épelle presque, d’un ton strident et venimeux. Il dénombre les récidives. « C’est la dixième fois, messieurs. ― Remarquez bien, messieurs, que c’est la onzième fois. » Je crois qu’il va demander ma tête.

Il ne demande pas ma tête, mais il demande, aussitôt qu’il a refermé le livret, s’il ne pourrait pas présenter quelques observations personnelles. Il m’a étudié, il me connaît à fond ; il ne serait peut-être pas inutile…

— Complètement inutile, fait le commandant qui a repris haleine, mais qui reste profondément vexé d’avoir été obligé de s’interrompre au plus beau moment et de céder son rôle à un sous-lieutenant ; le conseil est fixé.

Et, se tournant vers moi :

— Vous avez entendu la lecture de vos punitions. Les trouvez-vous méritées ?

— Je n’ai à les trouver ni méritées ni imméritées. On me les a infligées à la suite de fautes que j’ai commises ; je crois donc avoir expié ces fautes. Je n’ai qu’à répéter ce que j’ai déjà dit tout à l’heure…

— Tout à l’heure, vous disiez des choses qui n’ont pas le sens commun. Ne les répétez pas ! s’écrie le commandant en frappant la table avec mon livret, ce livret dont les quatre ou cinq pages de rallonges lui restent sur le cœur. Quand on a un pareil nombre de punitions, on ne mérite aucune pitié. D’ailleurs, on vous ferait grâce, que vous recommenceriez demain. Demandez plutôt à vos officiers.

— C’est certain, siffle le petit sous-lieutenant. Il n’y a pas à en douter.

— Qu’en savez-vous, mon lieutenant ?

Second sifflement :