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Page:Darien - L'ami de l'ordre, 1898.djvu/20

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MONSIEUR BONHOMME.

Vous dites, monsieur ?

MONSIEUR DE RONCEVILLE.

Rien. Ou plutôt, je voudrais vous demander si vous trouvez réellement cela si gai… si amusant… ces monstrueuses hécatombes ?

MONSIEUR BONHOMME, embarrassé.

Ma foi, amusant… gai… non. Ce n’est pas le mot. Intéressant, tout au plus… au point de vue… de l’histoire… Et puis, là, entre nous, mettez-vous un peu à ma place… moi commerçant… Nous avions déjà eu le siège, n’est-ce pas ? Des pertes sèches. Enfin, on signe la paix. Nous nous disons : « Ce n’est pas malheureux. Les affaires vont reprendre. » Je t’en fiche ! Pas seulement deux mois après, voilà cette ignoble Commune. Alors, quoi ? Plus moyen de gagner un sou ?… Moi, je suis un homme d’ordre, un bourgeois. Qu’est-ce que je demande ? À faire des affaires ; voilà tout. Je ne tiens pas plus à un gouvernement qu’à un autre. Et si j’étais sûr que votre comte de Chambord, monsieur de Ronceville, fît marcher le commerce, je demanderais demain qu’on le nomme roi.

MONSIEUR DE RONCEVILLE, sévèrement.

Un roi de France, monsieur… (Il s’arrête.) Excusez-moi ; je ne me figure pas monseigneur le comte de Chambord nommé roi et portant un parapluie.

MONSIEUR BONHOMME.

Et puis, que voulez-vous ? Tout le monde est un peu détraqué, maintenant… On a je ne sais quoi… On est atteint de… de… mon journal disait le mot, l’autre jour… de… Ah ! c’est ça : de folie obsidionale !