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L’ABBÉ.

Monsieur, vous êtes mal informé. Il n’y a personne ici.

L’OFFICIER.

Pourtant, on l’a vue entrer…

L’ABBÉ.

Il n’y a personne.

L’OFFICIER.

Monsieur le curé, je ne puis mettre en doute votre parole ; mais ma consigne, cependant, m’oblige à passer outre… Voulez-vous me faire le serment qu’aucun insurgé n’est caché chez vous ?

L’ABBÉ, levant la main devant le crucifix.

Je jure qu’il n’y a personne ici.

L’OFFICIER.

Je vous remercie de m’avoir donné cette assurance, monsieur le curé ; et je vous prie de m’excuser du dérangement que je vous ai causé.

Saluts. Il se retire.
L’ABBÉ, péniblement, à M. de Ronceville.

J’espère au prix d’un parjure dont vous avez été témoin, avoir racheté l’acte mauvais commis par un autre. Vous m’avez entendu mentir, monsieur de Ronceville ; et vous qui trouviez les prêtres d’aujourd’hui trop terre à terre pour leur accorder autre chose que de l’estime, vous qui leur reprochiez de manquer d’énergie, d’élévation, de grandeur, vous avez eu la satisfaction de voir que vous ne vous trompiez pas. Votre présence était nécessaire, sans doute, pour que l’expiation fût complète. Je comprends qu’il vous sera désormais impossible…