pouvait donc se servir que de la ligne de Nanteuil, pour le service des subsistances aussi bien que pour celui du matériel de siège ; de sorte que les transports souffraient d’interruptions continuelles. Le roi, Bismarck et Roon commencèrent à croire alors que la guerre durerait plus longtemps qu’ils ne l’avaient pensé.
Moltke, pourtant, ne modifia guère son opinion ; il maintint que Paris n’avait point de vivres et ne pourrait résister au delà de quelques semaines. Il croyait aussi que le parti radical ou révolutionnaire ferait preuve d’une grande énergie, qu’il terroriserait les classes dirigeantes et hâterait la reddition de la ville. On ne savait que lui répondre, car l’incertitude continuait à régner au sujet des approvisionnements de Paris ; quelques-uns estimaient que les vivres manqueraient à la ville après trois ou quatre semaines ; d’autres pensaient qu’ils ne lui feraient pas défaut avant trois ou quatre mois. Le colonel assure qu’il partage cette dernière opinion.
Le 9 octobre, c’est-à-dire au moment où le bruit courut à Versailles que Gambetta avait quitté Paris en ballon, le siège en règle avait été résolu. Depuis quelques jours, les préparatifs se font activement ; d’énormes canons sont débarqués au chemin de fer et traînés dans la direction de Paris par d’interminables attelages ; on assure que la capitale va être bombardée comme l’a été Strasbourg. Il paraît que ç’a été terrible, à Strasbourg. J’ai entendu faire, là-dessus, des récits qui vous donnent la chair de poule. Mais ne sont-ils pas un peu exagérés ?
Ils ne sont pas exagérés le moins du monde. J’en ai maintenant la preuve certaine, indiscutable. Et qui croyez-vous qui me l’ait donnée, cette preuve ? Qui croyez-vous qui vienne de me l’apporter, là, tout à l’heure ? J’aime