bien par nous entendre. Et je cherche à entraîner Jean-Baptiste vers la cuisine où Lycopode, qui sera heureuse de le revoir, lui offrira un verre de vin ou deux ; et nous pourrons causer de tout ce que nous voudrons, et surtout de ce combat de Nourhas, auquel mon oncle Karl a vu Jean-Baptiste prendre part. Jean-Baptiste résiste un peu, mais se décide à se laisser faire. Et nous avons déjà fait quelques pas dans la direction de la maison lorsque la voix de mon père, tout à coup, éclate à la grille du jardin.
— Qu’est ce que vous faites ici, vous ? Qui est-ce qui vous a autorisé à pénétrer chez moi ? Hein ? Je vous défends de ficher les pieds ici !
Jean-Baptiste s’est retourné ; il dévisage mon père un moment, et répond en haussant les épaules :
— C’est bon, c’est bon, on s’en va.
— C’est sur ce ton-là que vous parlez à vos supérieurs ? rugit mon père.
— Oh ! des supérieurs comme ça… répond Jean-Baptiste en ricanant…
Mon père se précipite sur le soldat, lui place la main sur l’épaule et s’écrie :
— Vous insultez vos chefs ! Je vous montrerai… Jean ! va fermer la grille !
Je ne me presse pas, au contraire. Jean-Baptiste échappe à l’étreinte de mon père, bondit vers la grille, sort, et la referme derrière lui ; et il crie à travers les barreaux :
— Je vais à Paris, vous savez ; avec ceux qui vont prendre la peau des capitulards pour faire des tambours ! On va vous donner de nos nouvelles ! On va vous faire voir ce que c’est que des hommes à poil !
Et il disparaît. À la porte de la cuisine, Lycopode, attirée par le bruit et qui a assisté à la scène, s’essuie les yeux avec son tablier, et mon père me reproche violem-