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revint à sa nièce, Mlle Elisa Ducornet, alors âgée d’une douzaine d’années.

À l’époque dont je parle, Mlle Ducornet n’avait guère plus de dix-sept ans ; elle était orpheline ; et son tuteur, un notaire de Lille, la faisait élever avec le plus grand soin dans un couvent choisi. C’est sur cette intéressante orpheline que Delanoix jeta les yeux lorsqu’il songea à pourvoir mon père d’une seconde épouse. Au mieux avec le notaire de Lille, et s’étant concilié les bonnes grâces des chères sœurs par quelques-uns de ces petits cadeaux qui, non seulement entretiennent l’amitié, mais la créent, il ne tarda pas à réussir dans son honnête entreprise.

Mon père a donc épousé dernièrement, en secondes noces, Mlle Elisa Ducornet. J’ai assisté à la cérémonie, fort imposante, dans un uniforme tout neuf. Les témoins de mon père étaient le général de Lahaye-Marmenteau et M. Delanoix ; les témoins de la mariée étaient le général Laffary d’Hondaine et M. Raubvogel.

Ce mariage, si j’ose dire, a refait à mon père une virginité. La jeune Mme Maubart, chaperonnée par Mme Raubvogel, est reçue partout avec enthousiasme. Entre nous, ma belle-mère, bien qu’elle ne soit pas laide, est une petite sotte ; c’est une dinde, pour dire le mot. Mais il n’y a personne comme Mme Raubvogel pour faire valoir les gens et les présenter sous leur meilleur aspect. Comment elle s’y prend, je l’ignore ; mais tout le monde chante ses louanges et elle obtient tout ce qu’elle veut. Et il est certain que le ministre de la guerre, sur la demande de ma cousine, accorde à mon père le commandement d’un régiment d’infanterie caserné à Saint-Denis.



Mon père, avant de quitter Versailles pour Saint-Denis, vend la maison de l’avenue de Villeneuve-l’Étang ; la