de cette pauvre créature, à laquelle une longue habitude inocula l’enthousiaste respect des ajustements militaires.
Puis, lorsque je pénètre dans le salon, c’est un monsieur que je trouve en conversation avec mon père, et qui se récrie sur ma bonne mine et ma martiale apparence. Ce monsieur, à la forte carrure, à l’épaisse moustache tombante, me rappelle Vercingétorix ; et je vous laisse à penser si les compliments d’un Gaulois indubitable, guerrier illustre sans aucun doute, chatouillent délicieusement mon amour-propre. Mais le Gaulois auquel me présente mon père est un Gaulois pacifique ; s’il n’y en eut pas autrefois, il en existe aujourd’hui ; la moustache n’est là que pour la frime, souvenir presque ironique de temps qui ne sont plus. Ce monsieur s’appelle M. Glabisot ; il est directeur au ministère des Finances. Il n’a jamais manié d’autre métal que celui qui affirme, sur sa tranche, que Dieu protège la France.
M. Glabisot, comme son physique évocateur d’époques héroïques lui en fait un devoir, et peut-être une nécessité, est patriote au plus haut point ; et, non content d’occuper dans la hiérarchie officielle un poste élevé, il est artiste à ses heures ; artiste-peintre. Il expose chaque année, au Salon, des natures mortes sans prétention, mais qui révèlent des aptitudes sérieuses. M. Glabisot pourtant, se déclare simple amateur ; il ne lui viendrait pas à l’idée de vouloir rivaliser avec sa femme, Mme Antoinette Glabisot, l’illustre peintre de batailles qui commence à faire oublier Horace Vernet, et au pinceau de laquelle nous avons dû, l’été dernier, ce magnifique tableau Le Maréchal de Mac-Mahon blessé à Sedan, qui a fait courir tout Paris.
Je n’ai pas vu le tableau, mais je décris avec la plus grande exactitude l’émotion qu’il m’a causée. Mon père m’apprend que Mme Glabisot a l’intention de consacrer son grand talent, pour le Salon prochain, à une peinture qui représentera la défense de Nourhas. Elle a bien