Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/23

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ciété qui lui assuraient des succès mondains. En cela, il n’avait fait qu’imiter la plupart des officiers de l’armée française, avant 1870, au sujet desquels le général Thoumas écrivait les lignes suivantes : « La lecture de l’Annuaire et le calcul de leurs chances d’avancement formaient la base de leur instruction militaire. L’étude était en défaveur, le café en honneur. Les officiers qui seraient restés chez eux pour travailler auraient été suspectés comme vivant en dehors de leurs camarades. Pour arriver, il fallait avant tout avoir un beau physique et une tenue correcte, affecter un grand mépris pour les connaissances techniques ; être, surtout, recommandé. » M. Maubart possédait les qualités requises pour « arriver » ; il fut, à différentes reprises, chaudement recommandé ; et le souci de l’exactitude nous oblige à dire que de puissantes influences féminines ne furent pas étrangères à ces recommandations.

« Cela nous amène à déclarer que M. Maubart, du point de vue moral, et même aux yeux d’hommes sans étroitesse d’esprit, n’était point irréprochable. Qu’on nous pardonne cette expression un peu risquée : c’était un homme à femmes. Avant l’expédition de Crimée, il avait eu plusieurs liaisons tapageuses, non seulement avec des personnes du demi-monde, mais avec des femmes mariées ; un duel, dans lequel il blessa mortellement son adversaire, avait été la conséquence d’une de ces liaisons. Lorsqu’il revint de Crimée, blessé et avec la croix d’honneur, il ne tarda pas à faire la connaissance de Mlle  Cécile von Falke, jeune fille accomplie, d’origine allemande. Cette jeune fille s’éprit d’un violent amour pour M. Maubart, qui l’épousa peu de temps après ; elle possédait une belle fortune, ses parents étaient riches, et l’on pouvait espérer que ce mariage, qui donnait à M. Maubart une situation stable et enviable, obligerait ce brillant officier à mettre un frein à ses débordements blâmables. Malheu-