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Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/259

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XIII


En descendant, après la revue du 14 juillet, cette avenue des Champs-Élysées où bivouaquèrent si souvent les vainqueurs, j’ai demandé au général de Porchemart s’il croyait qu’une guerre prochaine fût probable.

— Une guerre ! s’est-il écrié avec un étonnement tellement complet qu’un moment je l’ai cru simulé. Une guerre ? Mais ça ne dépend pas de nous. Ça dépend des Allemands.

Ça ne dépend pas des Français, assurément. Ils aspirent toujours à la revanche, bien entendu ; mais ils ont le cœur trop tendre pour désirer un conflit. Vouloir la guerre — la guerre qui mettrait fin à une situation équivoque et terrible — cela s’appelle vouloir lancer le pays dans des aventures. Toute la question est donc ici : sous quel maître les Français continueront-ils à jouir des bienfaits de la paix ? Sous la patte crochue du Pouvoir civil, ou sous le sabre de bois du Pouvoir militaire ? Le général de Porchemart paraît croire de plus en plus au succès définitif du ministre ; je m’en aperçois aux éloges pas trop grincheux qu’il fait de son administration. Mon père semble aussi persuadé du triomphe prochain de Boulanger ; je le devine à la jalousie qu’il laisse éclater fréquemment.